gilets-jaunes

Que de fois ai-je entendu cette phrase !

S’il y en a qui pouvait encore croire à la mascarade d’un grand débat qui inspirerait nos dirigeants en leur suggérant des « solutions », les quelques médiatisations à grand fracas pour « lancer » l’affaire ont vite ôté toute illusion.

 Nous sommes à l’école où le maître a posé d'avance des questions en choisissant les élèves qui vont répondre, un coup un cancre, un coup un bon élève. Les élèves ne discutent pas entre eux mais ça s’appelle quand même débat. Ceux qui ont droit à une question ou une proposition n’ont pas la possibilité de répondre au très brillant maître qui vous explique avec « bienveillance », en long et en large que ce que vous dites est idiot, que vous ne saisissez pas ce qu’est le « vrai problème » qui vous met dans la panade, que vous n’avez pas compris qu’il a déjà mis en œuvre ce que vous demandez,… Les bons élèves applaudissent, les cancres s’écrasent. Le maître continue sa démonstration de réponse à tout. La leçon est terminée, rentrez chez vous en admirant la maestria du maître et en appréciant la chance que vous avez de l’avoir.

Dans le dernier « coup médiatique » se voulant cette fois « populaire », le spectacle était plus folklorique, mais tout aussi bien préparé. Les bons élèves au premier rang, celui où l’on peut prendre la parole sans la demander. Ceux qui savent tout ce que les autres ne savent pas et vous le font comprendre. Ils n’ont pas d’étiquette sur le front, mais vous comprenez vite qu’ils sont ceux qui n’ont aucunement besoin d’un changement quelconque, il y a même, comme par hasard, une qui est aux manettes du navire et qui connaît très bien la leçon à donner, même si elle est moins brillante que ses maîtres.

Dans la salle de classe ou de spectacle, les élèves ont été choisis d’avance, ils ont un CV qui va pouvoir être décliné avec des trémolos dans la voix, l’animateur sait d’avance ce qu’ils vont proposer. Proposer ! Parce que pas question de critiquer, voyons, il faut être « positif » ! C’est vrai que ces élèves étaient beaucoup plus variés et moins dociles que ceux qui étaient alignés devant le grand maître (les maires), mais c’était nécessaire pour la crédibilité du débat avec « le peuple ».

Le tout est orchestré par un binôme  de choc. Un animateur qui peut interpeller les uns ou les autres par « mon chou », ma « doudou »… qui montre à quel point il aime tout le monde. Une ministre qui fait semblant d’être la maîtresse d’école avec son tableau blanc et qui est là, dit-elle, seulement pour écouter et aider à écrire certaines propositions. Les deux avec l’aide des bons élèves surenchérissant à l’avance sur l’exceptionnalité, l’exemplarité du grand débat qu’ils initiaient avec... toute la France !

Très bien.  Des propositions il y en a eu, certaines parfaitement argumentées et exposées et même débattues… avec les bons élèves de service du premier rang. Grande émotion quand la charmante vieille retraitée demande qu’on ne lui enlève pas les 74 € (soixante quatorze euros !) de la CSG pour finir ses fins de mois. Unanimité, sans que personne ne relève que cela n’était pas de la justice sociale mais de la charité… d’une miette.

Mais à chaque proposition, le jeu était : est-ce possible ? Et bien sûr la ministre qui ne devait rien dire, son acolyte et les bons élèves expliquaient doctement que ce n’était pas possible ! Mais si vous y tenez on peut toujours écrire la phrase de votre proposition, vous serez content, on vous aura prévenu.

Et oui, Europe, dette, investissements, capitaux, emplois et gnagnagna et gnagnagna, rien n’est effectivement possible qui puisse déranger la machinerie de plus en plus compliquée qui s’appelle capitalisme, libéralisme, économie de marché.

C’est comme une ferrari qui procure bien du plaisir à ses quelques propriétaires. Mais sur sa route il y a de plus en plus de gueux qui l’embarrassent et se font écraser. On pourrait se dire qu’il suffirait de remplacer la ferrari par un autobus où tout le monde pourrait monter. Pas du tout, on demande aux gueux des solutions pour qu’ils acceptent de se garer un plus sur le bas côté et laissent rouler l’engin et ses occupants.

Le « grand débat » arrivera peut-être à faire comprendre aux gueux qu’il ne faut pas qu’ils quémandent des réformes effectivement impossibles dans la logique qui régit la place et la vie de tous, et que c'est une révolution qu'il faudra faire.

PS : petit problème de CM : 10 personnes ont un gâteau à se partager. Une d'entre elle en prend la moitié. Trois autres prennent les 2/3 de la seconde moitié. Qu'est-ce qui reste à chacun des six autres qui ont fabriqué le gâteau ? Question subsidiaire  pour les CP : comment faire pour que les six qui ont fabriqué le gâteau mangent à leur faim ?

La messe est dite, rien à ajouter, entièrement d'accord avec vous Mr COLLOT